Est-ce que tu t’adresses à un type de femme en particulier ?
Il n’y a pas d’âge pour porter mes bijoux, comme il n’y a pas d’âge pour sortir, se marier, ou voyager. Je pense aussi aux hommes. Beaucoup me sollicitent. Les hommes comme les femmes aiment raffinement et le rêve.
A quoi sert l’accessoire dans une tenue ?
À se sentir libre. Les accessoires expriment nos envies, nos fantaisies et nos émotions. On les porte pour être plus beaux, car la liberté rend beau !
… le bijoux est-il un accessoire particulier ?
Plus qu’un sac, un foulard ou des escarpins, le bijou échappe aux règles vestimentaires. C’est un ornement, une expression libre, sans tailles ni saisons, sans fonctionnalités. C’est une petite œuvre d’art minimaliste.
Souvent, tes sources d’inspiration sont dans la nature :
C’est un univers riche et précieux, une source d’inspiration infinie. J’aime l’idée d’arborer un bout de nature, de garder la trace, l’empreinte de ces formes fragiles et fugaces, belles avant tout.
Est-ce que ton enfance au Maroc à une influence sur ton travail ?
Oui, j’ai grandi à Marrakech au pied d l’Atlas. Il y a là un artisanat florissant, joyeux et créatif. Le travail de la main y est comme un langage. Et puis cette lumière et ces couleurs vives et franches, très inspirantes.
Dans tes créations, est-ce qu’il y en a qui sont iconiques, c'est-à-dire qu’elles représentent particulièrement bien, ton esprit, ta marque ?
L’épi de blé, ne me quitte pas. Il a une symbolique si forte. Je le décline et le réinterprété depuis plusieurs saisons. J’aime l’idée de faire pousser à l’infini cette figure géométrique mi fleur, mi végétal. Tantôt baroque, tantôt graphique et contemporain, unisexe, pouvant aller jusqu’à l’objet de décoration sur une table, ou un luminaire. C’est ce que je proposerai bientôt. Il y a aussi la fleur émaillée en résine colorée qui est une création plus récente. Colorée, ornementale et discrètement spectaculaire, elle a beaucoup de succès.
Tu as collaboré avec de grandes personnalités de la mode : Christian Lacroix, la maison Schiaparelli, Roger Vivier, Valentino. Qu’est-ce qu’elles venaient chercher chez toi, pourquoi ce sont-elles adressées à toi ?
Ces collaborations ont principalement concerné les défilés haute couture avec des pièces uniques. Elles ont toutes été des défis, des moments intenses et exigeants, où l’atelier a su faire preuve de créativité, d’innovation, de réactivité dans le respect du cadre imposé.
Et à toi qu’est-ce qu’ils t’ont apporté ?
Ce sont des expériences uniques, avec des moyens exceptionnels. Ils m’ont appris à voir grand et loin. A aborder le bijou avec une approche théâtrale, baroque, sans limites ni contraintes. Il n’y a que les grandes Maisons qui permettent ça.
Aujourd’hui qui sont les créateurs que tu admires ?
Dries Van Noten, pour sa folie, son audace dans les couleurs, ses imprimés, ses formes, son mouvement, sa liberté.
Daniel Roseberry, DA chez Schiaparelli avec ses défilés exceptionnels et une approche du bijou monumentale et pleine d’esprit.
Joseph Font, DA chez Delpozo ; Un univers floral délicat, poétique, rafraîchissant.